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L’écriture, une activité pas si solitaire

Dans l’imaginaire collectif, l’écriture est une activité solitaire. L’artiste est une créature touchée par la grâce, qui n’a besoin de personne pour créer… C’est peut-être le cas pour certaines personnes, mais ça ne correspond pas du tout à ma façon de faire. Mes textes se nourrissent d’interactions avec les autres, à toutes les étapes de la création. Petit aperçu de ce que ça donne :

Garder la motivation, pour avancer et se débloquer

Ma première difficulté, c’est d’arriver au bout du premier jet. Le début se passe en général plutôt bien, je suis portée par l’enthousiasme du nouveau projet, les idées fusent… puis après quelques semaines, c’est le coup de mou. Plus rien ne va. Les chapitres écrits avec enthousiasme quelques jours plus tôt paraissent fades, les idées caricaturales et maladroites. Sans parler des personnages qui refusent de coopérer, maintenant qu’ils ne sont plus poussés par l’élément déclencheur (les mauvaises langues diront qu’ils font n’importe quoi depuis le début, mais moins quand même).

C’est le moment où j’ai besoin d’un soutien extérieur pour retrouver confiance en mon texte. Exprimer ses doutes à quelqu’un d’autre est un excellent moyen de les exorciser : j’explique aux copains pourquoi ce que j’avais prévu paraît une mauvaise idée, ils répondent que « mais elle est très bien cette idée, file l’écrire ! » et c’est reparti pour un tour. Parfois, ils conviennent qu’en effet, il y a un problème, mais un brainstorming suffit souvent à débloquer la situation.

Autre moteur efficace : l’enthousiasme des amis qui réclament la suite. Il suffit de donner à lire des passages du texte en cours d’écriture (en général ceux dont je suis le plus fière), en précisant bien que c’est du premier jet et que je ne cherche pas (encore) de critiques. Pour la motivation, c’est magique.

En cas de gros passage à vide, les séances d’écriture communes fonctionnent aussi très bien (sur une après-midi, pour le NaNoWriMo ou pendant une retraite d’écriture). L’émulation collective m’aide à dépasser mes limites (et on trouve toujours quelqu’un prêt à se dévouer pour botter le derrière des procrastinateurs).

L’alpha-lecture, pour pousser le texte plus loin

Une fois le texte écrit, on pourrait croire le plus dur fait. Et d’une certaine façon, c’est le cas, mais le travail est loin d’être terminé. Maintenant qu’il est écrit, ce roman, il faut le corriger.

Laisser passer un ou deux mois pour prendre du recul est une bonne idée, mais ça ne suffit pas, des problèmes se planquent toujours. D’expérience, chez moi, c’est souvent du manque de descriptions, des pouvoirs magiques pas assez expliqués (bizarrement, c’est beaucoup plus clair dans ma tête), des personnages qui manquent d’une vie en dehors de l’intrigue…

Pour mettre des mots sur tout ça, rien de mieux qu’un alpha-lecteur. De préférence, quelqu’un qui écrit, ou du moins qui a des chances d’avoir un avis objectif sur le texte (désolée maman, tu ne remplis pas les conditions). Vous trouverez des candidats sur les forums d’écriture, ou plus généralement dans tous les lieux d’échanges entre auteurs (la contrepartie habituelle étant d’alpha-lire le roman de la personne en retour). Notez au passage qu’alpha-lire les textes d’autres gens fait beaucoup progresser : c’est toujours plus facile de voir les défauts des autres que les siens…

Après les corrections et ultimes relectures, mes textes partent vivre leur vie dans les boîtes mail d’éditeurs (en quête d’une dernière collaboration). Il ne reste plus qu’à attendre…et c’est le moment où je suis bien contente d’avoir des amis pour faire diversion et me changer les idées !

En conclusion : merci !

Merci à vous tous, les copains d’écriture. Vous êtes les meilleurs !

Élodie Bouchet

Sur ce blog, je vous parle de mes textes (romans, nouvelles), et de mon rapport à l'écriture de manière plus générale.

Cet article a 2 commentaires

  1. Solen

    Le mythe de l’auteur solitaire fait tellement de mal, c’est super important d’avoir des gens pour pouvoir avancer 🙂

    1. Élodie Bouchet

      On est bien d’accord !

      Seul petit effet secondaire : à force de rajouter les livres dont j’ai suivi l’écriture à ma pile à lire, j’ai une bibliothèque qui déborde un peu…

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