Envie de découvrir quelques extraits du roman, pour vous donner une idée de son ambiance ? On commence avec une brève présentation du Sanctuaire et des deux personnages point de vue.
À la découverte du Sanctuaire
Le Sanctuaire est un lieu de mystères et de secrets :
« Le coin regorgeait de raccourcis à travers les murs, quand on savait où les chercher. Élyne en avait repéré une dizaine à proximité de sa chambre. Elle emprunta cependant un chemin plus conventionnel […].
L’architecture alambiquée du Sanctuaire visait à égarer les visiteurs. C’était du moins la seule explication que les initiés avaient trouvée à l’étrangeté de ces bâtiments, où monter un escalier et en redescendre deux autres était parfois nécessaire pour traverser un simple mur. »
Le commerce de prophéties y est florissant :
« La supérieure extirpa un papier de sa pile et le relut une dernière fois avant de le tendre à Darel. […]
— C’est la transcription brute des propos de l’oracle. Les visions lui parviennent sous forme d’images désordonnées, qu’il décrit à voix haute. Nos clients apprécient de disposer du texte d’origine, mais nous fournissons également une interprétation détaillée. »
Mais attention : l’institution est aussi ancienne que puissante !
« — Qui oserait s’en prendre à une initiée ? Après ce qui est arrivé au prince Tomasso ?
Le noble avait enlevé une oracle quarante ans plus tôt. Le supérieur de l’époque avait riposté en offrant des prophéties à ses ennemis et les puissantes armées araléennes s’étaient mises en marche. Trois mois plus tard, le château du prince était rayé de la carte. »
À la découverte d’Élyne
Initiée du Sanctuaire, Élyne met à jour un secret qui va chambouler son existence :
« Élyne tira de sa poche l’épingle à cheveux qu’elle gardait toujours en dépannage, força la grosse serrure métallique et se glissa à l’intérieur. La pièce était aussi impressionnante que dans ses souvenirs, avec ses murs tapissés d’étagères jusqu’au plafond. Livres et documents s’entassaient de toutes parts dans des piles soigneusement ordonnées. Par où commencer sa fouille ? »
Elle va devoir mettre ses connaissances à profit pour se tirer d’affaire :
« Élyne retint les réponses sarcastiques qui lui brûlaient les lèvres. Cette rencontre avait sûrement un enjeu, elle devait le comprendre avant d’agir de manière inconsidérée. L’homme testait ses réactions, de cela au moins elle était certaine. Raison de plus pour mettre à profit les leçons d’impassibilité du Sanctuaire. De quelles options disposait-elle pour réorienter la conversation ? Si la défense ne lui réussissait pas, l’attaque serait peut-être plus efficace. »
Et son opinion de Darel ? Il est gentil, mais a une désagréable tendance à avoir raison…
« — Je me cacherai dans les montagnes pendant quelques semaines, le temps qu’on m’oublie.
— Vous ne tiendriez pas deux jours, objecta-t-il. J’ignore ce qui vous tuerait le plus vite, entre le froid et la faim […]. Vous ne possédez pas les compétences nécessaires. À moins que quelqu’un vous ait appris à chasser, à dresser une tente, à allumer un feu de camp ?
Chaque interrogation enfonçait un clou de plus dans le cercueil de ses illusions : les réponses étaient bien entendu négatives. »
À la découverte de Darel
Héritier d’un duché, Darel s’investit dans l’armée pour fuir la cour :
« Darel avait congédié le ménestrel qui s’était mis en tête de suivre sa troupe six mois plus tôt, en prétextant des raisons de sécurité. Une excuse plausible qui lui avait évité de voir un observateur extérieur s’immiscer dans son quotidien. La relation de confiance établie avec ses subordonnés comptait beaucoup à ses yeux. Ses sergents connaissaient mieux le vrai Darel Voklan que n’importe quel noble de la cour, à l’exception de la princesse Aklune. »
La mission confiée par son roi résonne cependant avec son passé…
« Darel sortit le courrier de sa poche et le tendit à la supérieure. Elle s’en saisit du bout des doigts [pour éviter tout contact avec sa magie] et s’installa derrière son bureau pour le décacheter. Darel se composa un masque impassible pendant qu’elle consultait le document, il n’en connaissait que trop bien le contenu. Le roi désirait savoir s’il devait ou non attendre le printemps avant de lancer son assaut sur le col de l’Aigle.
Encore ce fichu col de l’Aigle… »
Et son opinion d’Élyne ? Au premier abord, il ne semble pas impressionné :
« C’était une petite chose frêle aux yeux gris, aux pieds recouverts de bandages et dont le visage disparaissait derrière de grosses mèches de cheveux châtains. Cela ne suffisait pas à dissimuler la large ecchymose qui s’étalait sur sa joue gauche. Son expression évoquait pour le moment celle du lapin terrifié qui tombe entre les griffes d’un dragon. »